le texte
d’autres vidéos de lecture http://xavlef.blog.mongenie.com/
sans titre
Entre les deux tours immenses et grises
il y a un petit chemin herbeux
Parsemé de petites fleurs blanches
Je l’ai emprunté avec l’intention
de le rendre plus fleuri encore
pour l’instant cela verdit
Il a l’air d’aller loin ce petit chemin
loin du bruit mordant des chiens sans laisse
loin de la lumière aveuglante de ceux qui vous bouscule
Loin des mots faux, loin des tranches-cervelles
des machines à bidoche, et des stations assassines
des yeux plasma et des devoirs à faire
On apprend alors à réfléchir car hormis la source
les idées deviennent clair, limpide, solide
comme tous ces petits cailloux sous les pieds
prêt à bondir…
BALDER, 2011
http://maximusbalder.blogspot.com
Coprin chevelu
La femme blonde est assise sur un muret. Son pantalon est relevé, découvrant des jambes violacées, épaisses, suintantes. Elle les tamponne avec un mouchoir en papier. On suppose qu’une tache de pus s’étale sur le papier gaufré du kleenex. Elle l’observe. Longuement. Ses yeux maquillés de noir sont mouillés. A côté d’elle, deux énormes valises de marque Delsey. La femme semble attendre un taxi qui ne viendra jamais. En bordure de la nationale 7, à Villejuif. Ses vêtements sont propres, achetés autrefois dans les plus belles boutiques. Sa tête échevelée. Comme si les extrémités trahissaient le désarroi, le pourrissement de tout son corps. Tête et pieds d’abord. Une jeune africaine se penche sur elle. »J’ai vécu dans le seizième arrondissement, rue… Le hurlement des moteurs couvre le reste de la conversation. Un homme les croise, sacoche en bandoulière. Il jette un coup d’oeil à sa montre. Le soleil cogne. Il n’est pourtant que neuf heures trente. L’homme pénètre dans une tour aux vitres fumées, matériaux qui trahit la présence d’un système de climatisation. L’africaine est partie. La femme blonde attend son improbable taxi. Avec une certaine classe. Avant l’inéluctable déliquescence que connait le coprin chevelu, ce champignon blanc immaculé finissant par se dissoudre en un goudron noirâtre.
Léo-Paul Richard
http://leopaulrichard.over-blog.com