les enfants sont-ils morts ?

Elle : Il y a quelque chose que je dois encore te demander. Les enfants sont ils morts ? Les as-tu bien enterrés ? Je ne veux pas qu’ils traînent dans la nuit, n’importe ou. A la merci des dépouilleurs. Ils doivent avoir une adresse pour que l’on perpétue leurs souvenirs.

Lui : On n’a toujours pas de nouvelles. La police dit que c’est difficile de retrouver quelqu’un dans ce fatras

Elle : Promet moi de les chercher jusqu’à ce que tu les trouve. Promet le moi. Si ils sont vivants tues les. Ils ne doivent pas survivre à cette folie.

Lui : Je ne pourrai pas faire ce que tu me demandes

Elle : Tu le dois, il le faut. Le malheur aime à se répéter. Il se nourrit des familles éprouvées. Tes yeux doivent fouiller les décombres, les fourrés, le sommet des arbres, les cavernes, le creux des rochers, les ruines endeuillés. Nous devons savoir. Nous devons être sur.

Lui : Nous ne sommes surs de rien

Elle : Cherche partout jusqu’à ce que tes pieds soient usées d’avoir escaladé les montagnes, traversé les rivières et les déserts, piétiner les rues et les boulevards. Trouve les enfants, que leurs morts soient douces comme mon amour, qu’ils s’endorment comme s’ils allaient se réveiller demain. Racontes leurs les rires d’avant, les jeux sous la balançoire, le chien qui courre.

Lui : Je ne suis pas un criminel

Elle : Deviens le pour moi.

 

Bruno Jalabert
http://brunojalabert.over-blog.com/

Labours

Dans la terre oubliée, les hommes ont plongé les mains. Et porté au visage le sang de leur enfance, humé les souvenirs laissés sur l’autre rive et appelé les morts par leurs prénoms. Dans la terre retrouvée, ils ont noyé la paille et l’eau, dansé les
pieds nus sans cesser de rire et peint les corps d’ombre et de lumière. Dans la terre du jardin, ils ont bâti un peu d’eux même, un peu d’ici.

Bruno Jalabert
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