Depuis le temps que je m’échine à enfiler ces « costumes d’époque » qu’on me met à disposition à longueur de journée et que je n’ai nulle envie de porter, je m’interroge sur mes facultés d’adaptation au monde qui m’entoure ou plutôt me cerne comme gibier tenu en respect par une meute en furie. L’époque imprime ses marques sur tous les écrans, sur tous les tabloïds, sur toutes les ondes. Y échapper constitue une impossibilité majeure, la machine à se déplacer dans le temps n’étant toujours qu’imaginaire.
Alors, que dire de cette époque qui me colle effrontément aux basques, me forçant à lui ressembler là où je souhaiterais plutôt qu’elle fût à mon image ? Qu’elle change d’époque ? Qu’elle déraille ? Qu’elle s’écrase contre le mur ? Qu’elle soit en phase avec les aspirations de tous ses acteurs ? Qu’elle ne confie pas sa destinée au bon vouloir de quelques décideurs mandatés ? Qu’elle s’affranchisse des inégalités, des injustices, des tyrannies, des crimes, des guerres, des famines, de l’intolérance, de la bêtise… ?
Moi, ce que j’en dis, ça a l’air d’être emprunté à une époque où les idéaux permettaient de croire à une autre époque possible. Mais c’est toujours l’époque de l’espèce humaine, du moins jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Alain Helissen
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